Interview partie 2/3
Retrouvez la partie 1 ici: https://parieur-pro.co//interview-dantoine-parieur-professionnel-partie-1-3
Retrouvez la partie 3 ici: https://parieur-pro.co//interview-dantoine-parieur-professionnel-partie-3-3
David Sur quoi tu paries en fait ? Sur quel sport et sur quel type de pari? Est-ce qu’aujourd’hui tu t’es spécialisé dans un type de pari?
Antoine Au début, j’ai fait de tout et n’importe quoi sur tous les sports, pré-matchs, live, les petites côtes, les grosses côtes, les montantes, les combinés, les systèmes, les tilts, je pense que j’ai fait quasiment toutes les erreurs possibles. Un truc qui m’a aidé, c’est en voyant les matchs de basket en live, sport que je ne connaissais pas du tout et que je n’aimais pas. J’étais footeux et le basket, je ne comprenais pas ce sport. Mais en live, ce qui m’intriguait c’était de voir le nombre de points du match par ex, un match on pensait voir 150 points, des over under, faut juste dire plus ou moins et puis je trouvais ça bizarre que pour 2 matchs on pouvait avoir un qui démarre à 145 points et l’autre 165 points. Je me suis dit 20 points d’écart pour 2 matchs, ça me parait étonnant. J’avais envie de jouer un under sur 165 points, moins de 165 points c’est ce que je faisais au départ. Sur les très grosses côtes, je mettais under, et les petites côtes, je mettais over et je me disais que statistiquement ça avait l’air d’être ok quand je voyais les résultats passés et en fait ça ne marchait pas. Et petit à petit, je me suis intéressé à ça, j’ai vu l’évolution des côtes en live, je trouvais ça très intéressant parce que c’est un chiffre qui varie tout le temps qui est facile à juger quand c’est une côte. Par exemple le PSG à domicile, au début, il a une côte à 1,20 puis 1,21, 1,22, 1,23, ça monte. Je trouve que c’est dur de jauger ce que ça vaut vraiment alors qu’un nombre de points c’est plus facile. Je ne connaissais pas le basket, petit à petit j’ai appris les règles et au final je me suis mis à en faire, forcément perdant au début. Après des centaines de paris, je me suis rendu compte avec mon historique de paris que si j’extrayais que les cut en basket et que j’enlevais toutes les bêtises de tilt, de live, de foot, de tennis, de sport que je ne connais pas, et bien j’étais positif. Donc je me suis dit que je n’étais pas trop mal là-dedans donc je me suis dit tu fais que ça.
David Donc là c’est ce que tu fais? C’était il y a combien de temps?
Antoine Je dirais 2011-2012, je commence à m’intéresser aux cut de basket mais je reste psychologiquement faible parce que le tilt m’a poursuivi très longtemps même au basket. Ma bankroll totale n’évolue pas voire baisse mais plus j’ai d’historique plus je me rends compte que mon historique total est positif. L’expérience m’a aidé, j’appréhendais de mieux en mieux les éléments qui influencent le nombre de points sur un match de basket et aujourd’hui j’en ai fait ma spécialité donc ça doit faire maintenant 4 ans.
David On s’est rencontré il y a 3 ans à peu près et du coup première fois ou une des premières fois qu’on se rencontre, on discute de comment tu travailles, de ton historique et à ce moment tu avais un historique de combien de paris? Je ne me souviens plus mais j’avais trouvé ça hyper intéressant. Tu étais déjà à plusieurs milliers de paris je crois, en tout cas la courbe était hyper intéressante. Aujourd’hui tu as un historique de combien de paris du coup?
Antoine Chaque mois, je mets les paris du mois dans l’historique total. De mémoire je dirais 35 000.
David Et c’est ça qui est impressionnant avec Antoine. Tu es le parieur professionnel français avec le plus gros historique que je connaisse. Alors tu as 35 000 paris d’historique je trouve ça assez dingue parce que tu fais beaucoup de volume. Par mois, combien de paris tu vas jouer en moyenne?
Antoine Alors, c’est un chiffre qui a été en constante augmentation parce que je pense que le fait de me spécialiser là-dedans de plus en plus, on peut dire que je suis professionnel donc je maitrise quasiment tous les rouages de tout ce qui tourne autour de ça. Ça fait que j’ai détecté de plus en plus de value, je me suis intéressé à de plus en plus de championnats. Donc mensuellement, là pour le mois de mars par exemple je suis à 700 et encore je suis parti une semaine au ski. Les gros mois je tourne à 1000 paris et l’été on pourrait penser qu’il n’y en a pas mais j’arrive à en trouver 400.
David Donc toi tu ne t’arrêtes vraiment jamais
Antoine Ma philosophie, c’est le volume pour lisser la variance qu’on développe de temps en temps.
David Oui effectivement, sujet que l’on aborde pas mal notamment dans le club privé. Toi avec le volume que tu fais effectivement la variance est lissée rapidement. Grâce à un volume de 800 à 1000 paris par mois, le nombre de mois négatifs sur une année par exemple, c’est combien?
Antoine Souvent, c’est 2 ou 3. Et quand je fais des simulations informatiques pour tester, c’est un aspect que j’ai développé, ça m’aide à gérer les mauvaises séries. C’est fou comment la pratique et la théorie se concordent. Les simulations me disent que je vais être en négatif sur 1, 2 voire 3 mois sur 800 paris avec mon taux de réussite et c’est à peu près ce qu’on retrouve en pratique.
David Donc aujourd’hui, tu sais qu’il y a 2-3 mois où tu sais que tu vas être dans le rouge, c’est normal mais qu’à la fin de l’année, ton bilan est dans le vert, c’est le moins qu’on puisse dire.
Antoine Petite anecdote de cette année, le mois de janvier je finis positif mais je pense que le 20-25 janvier j’étais perdant. Le mois de février, je le finis positif mais le 20-22-23 février j’étais encore perdant. Je ne m’inquiète pas, même si je suis perdant sur 600 paris, je sais que ça m’est déjà arrivé dans le passé, je sais que j’ai toujours remonté ces badrun et même informatiquement, je me rends compte que ce n’est pas anormal.
David On ne va pas parler de tout dans cette interview mais parlons de ton pire badrun. Je sais qu’on en parle parfois dans le club et j’avais fait une vidéo il y a peut-être un an et demi sur tes résultats, tu m’avais donné ta courbe de gain et on avait parlé de ton pire badrun. Alors c’était quoi ton pire badrun?
Antoine De mémoire c’était -60 U, -60/-70.
David C’est impressionnant de se dire que malgré que tu sois un parieur professionnel gagnant sur le long terme, que tu as un ROI autour de 4% je crois et que malgré ça tu as eu un bad run de -60/-70 unités. C’est assez impressionnant parce que c’est ce qu’on dit des fois mais n’importe qui aurait arrêté après ça mais tu as réussi à remonter tout ça.
Antoine Ben déjà la première chose à souligner, souvent les gens pensent qu’on fait du volume et donc on lisse la variance. C’est vrai à long terme c’est à dire sur 1000 paris, la probabilité d’être négatif est assez faible, c’est ça que j’entends par lisser la variance. Par contre les gens pensent que ça limite les badrun, plus on fait de volume en pensant que la chance et la malchance vont s’équilibrer alors que pas du tout. Plus on fait de paris concentrés, plus on peut avoir une série désastreuse concentrée sur une période très courte. La force dans la philosophie du volume c’est qu’on s’en remet très vite.
David Finalement le volume que tu vas faire en 1 mois ça va peut-être être le volume que va faire un autre parieur en 1 an. Donc finalement, le bad run que tu vas faire en 1 mois, tu vas le remonter le mois d’après alors que le parieur lambda qui va peut-être faire 1000 paris dans son année, il va le remonter l’année d’après.
Antoine C’est ça! Et tenir psychologiquement sur un an à perdre c’est difficile. Une des forces de mon historique, c’est que ma courbe elle monte, elle descend, elle monte, elle descend, des fois y a des badrun, des fois y a des pertes de breakeven qui peuvent durer 3, 4 ou 5 mois mais au final globalement ça monte.
David L’aspect variance, badrun, goodrun, période de breakeven, c’est vraiment l’aspect mental et le côté le plus difficile des paris. C’est vraiment de se dire que c’est normal à partir du moment où on est gagnant sur le long terme qu’on a un historique qui est gagnant. Parce qu’évidemment si on badrun alors qu’on a un historique perdant, ce n’est pas la même chose parce qu’on n’est pas sûr de pouvoir remonter. Là je parle d’un parieur qui va être gagnant sur le long terme, savoir qu’on peut perdre ou gagner sur un jour ça ne veut rien dire. Justement, sachant ça, est ce que tu arrives à te détacher des résultats du jour ou de la semaine?
Antoine Oui beaucoup plus qu’avant. Avant, clairement non, j’étais très impacté pour me mener au tilt c’était que j’étais très impacté. Maintenant, beaucoup moins puisque plus on a de vécu, mieux on gère les choses. Donc, j’ai connu énormément de badrun, des périodes de breakeven pendant 1 mois ça existe, ce qui fait que si je perds 10U, 20U une semaine ce n’est pas grave.
David Du coup tu le ressens mentalement, intérieurement, émotionnellement? Tu te sens pareil que tu gagnes ou que tu perdes sur le court terme ou est-ce que ça impacte un tout petit peu quand même?
Antoine C’est difficile, je ne suis pas un robot, je pense que je ne suis pas détaché à 100%. On est tous humains. Toi, j’ai l’impression que tu as un détachement assez fort qui est une qualité dans les paris sportifs. On reste humains mais ça m’inquiète peu. Quand je suis en période de badrun, il y a deux choses que je peux faire pour me rassurer. La première, c’est regarder mon historique et comme ça je me rends compte que je suis déjà passé par là et je sais que si je continue mon travail avec sérieux ça remontera. La deuxième, que je fais depuis moins longtemps, je fais des simulations informatiques. Si sur 400 bet, je suis à -40 U, je fais une simulation informatique avec mon taux de réussite de faire -40U sur 400 bet et souvent c’est des pourcentages pas importants ça peut être 2, 3, 4, 5% mais 5% ça veut dire que ça arrive 1 fois sur 20. Ça permet de relativiser.
David C’est comme ça que je fais aussi, quand ça badrun, malgré mon détachement, je ne suis pas un robot non plus et je préfère avoir une bonne journée plutôt qu’une mauvaise dans les paris, avoir gagné de l’argent plutôt que d’en avoir perdu. C’est naturel, d’autant plus que je partage mon travail dans l’espace privé, toi aussi tu le partages avec moi donc à la fois ça impacte nos résultats mais ça impacte aussi les gens que l’on conseille d’une certaine manière. Quand ça gagne, on est content pour nous mais aussi pour les gens qui nous suivent et qui ont confiance dans le travail qu’on peut faire. Quand on est tout seul, il peut y avoir un peu de pression mais le détachement se fait plus facilement. Par contre, quand on propose des paris aux membres du club ou que l’on propose des conseils, c’est plus difficile. Mais je pars du principe que les gens sont responsables des gens qu’ils suivent.